Alors que la rentrée de septembre pointe son nez, celle-ci s’avère être, au même titre que la rentrée de septembre 2020, plutôt particulière pour les entreprises et les salariés. De grosses interrogations se posent quant à la manière dont va reprendre l’activité. Après plus de 18 mois déjà de crise sanitaire marquée par une pratique du télétravail qui s’est massivement développée, le retour en présentiel doit normalement prévaloir pour la rentrée – à moins bien sûr que la situation sanitaire s’aggrave et oblige le Gouvernement à revoir le protocole sanitaire des entreprises.
Il est vrai qu’avec la flambée des cas Covid référencés cet été, le télétravail pourrait redevenir d’actualité pour un bon nombre d’entreprises à la rentrée. De nombreux questionnements résident en effet autour de la progression du variant Delta. Le Ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a d’ailleurs évoqué la possibilité d’un reconfinement durant l’automne. Une réunion au Ministère du Travail s’est également tenue très récemment afin de choisir quels seront les protocoles sanitaires en entreprise à suivre au 1er septembre. Ces interrogations sur les nouvelles modalités de travail sont des sujets de discussion et d’angoisse, autant pour les salariés que pour les employeurs qui s’interrogent sur l’état d’esprit de leurs équipes : le retour sur site étant, pour les nouveaux adeptes du télétravail, une de leur principale préoccupation.
Quels sont donc les défis qui caractérisent cette rentrée de septembre ? Quelle évolution va connaitre la pratique du télétravail ? Quel protocole sanitaire sera décidé par le Gouvernement ? Et à quel point le fonctionnement des entreprises sera perturbé ? Nous répondons dans cet article à toutes vos interrogations.
Télétravail en baisse, un retour au bureau qui s’accélère ?
Le retour au bureau devrait normalement s’accélérer à la rentrée. Avant les vacances, de nombreux salariés étaient déjà retournés sur site pour travailler. Ainsi, en juin, 4% des salariés étaient entièrement en télétravail et 24% l’étaient au moins une fois par semaine. A titre de comparaison, en avril dernier, presque 40% des salariés étaient en télétravail. A l’heure d’aujourd’hui, le Gouvernement pousse les salariés à revenir travailler en présentiel. Désormais, avec l’édition de la dernière version du protocole sanitaire du 9 août par le Ministère du Travail, les cas contacts n’ont plus pour obligation de s’isoler à leur domicile s’ils sont vaccinés et peuvent donc continuer à se rendre à leur lieu de travail. Même les personnes vulnérables sont invitées à revenir au bureau.
Dans ce contexte, la mise en place du télétravail demeure-t-elle une obligation pour l’entreprise ? Si oui, quelles sont les règles applicables en ce qui concerne le dialogue social et la mise en place du télétravail ? Le protocole sanitaire indique que pour les activités le permettant, les employeurs peuvent, dans le cadre d’un accord avec leurs salariés, décider d’un nombre de jours minimal de télétravail. En 2021, ce sont ainsi 20 000 accords qui ont été signés.
Bien qu’un retour normal à l’activité se fait ressentir, de nombreuses interrogations restent tout de même en suspens. Ces questionnements sont d’autant plus forts avec le pays qui est frappé considérablement par la 4ème vague du Covid-19. Même si les capacités hospitalières ne sont pas encore mises à rude épreuve, rien ne garantit que la situation puisse soudainement s’aggraver. Et face à une telle inconnue vis-à-vis de la situation sanitaire, le télétravail risque bien de s’implanter définitivement dans les fonctionnements des entreprises.
Quel sera le protocole sanitaire à suivre dans les entreprises le 1er septembre ?
D’ici début septembre, le Gouvernement a prévu qu’il y ait 50 millions de primo vaccinés. Sachant que le pays compte au total 67 millions de français, la mise en place d’un confinement généralisé et total ne devrait pas avoir lieu dans les mois à venir. Bien que cette nouvelle soit rassurante en soit, cela n’empêche pas que de nombreux questionnements tournent autour de la reprise de l’activité. De nombreuses entreprises s’interrogent grandement sur leurs capacités à s’approvisionner en matières premières, celles-ci étant manquantes sur l’ensemble du globe. D’autres entreprises, appartenant aux secteurs qui ont le plus souffert de la crise, font leur retour à petit pas et ignorent comment leur activité évoluera dans les mois à venir. Les services RH des entreprises sont aussi dans l’attente en ce qui concerne l’évolution de la situation sanitaire. Les employés quant-à-eux, s’interrogent sur combien de temps encore ils devront porter le masque en entreprise et s’inquiètent aussi à propos du passe sanitaire qui est imposé pour déjà 1,8 millions d’entre eux.
Une réunion au Ministère du Travail a eu lieu début septembre avec les partenaires sociaux afin de décider des protocoles qui allaient être mis en place au sein des entreprises. Trois options étaient à l’étude. La première option laissait l’entière liberté aux entreprises de décider de leur manière de fonctionner. La deuxième option correspondait au dernier protocole sanitaire établi en août avec cette fois-ci en plus, une recommandation de faire au moins deux jours de télétravail. Enfin, la troisième et dernière option qui était à l’étude était de durcir à nouveau les règles avec un impératif clair de mettre tous les salariés dont les activités le permettent en télétravail et ce, pour au moins trois jours par semaine voire toute la semaine de travail entière. Le Ministère avait indiqué qu’il se déciderait en fonction des indicateurs sanitaires. A l'heure actuelle, c'est donc le premier scénario que le Ministère du Travail a retenu. Ainsi, les entreprises auront le libre choix de faire revenir ou pas leurs salariés 100% au bureau. Mais ce retour 100% en présentiel pourrait être compromis par l'évolution de la situation sanitaire et le travail à distance pourrait alors reprendre de l’envergure, confie notamment Audrey Richard, présente de l’ANDRH (Association Nationale des Directeurs des Ressources Humaines). Celle-ci a rajouté qu’elle resterait bien à l'écoute des recommandations du Gouvernement et qu’elle conseillait de se préparer à toutes les options possibles. Ainsi, alors que tout le monde pense revenir à une situation normale, le contexte ne s’y prête pas forcément et il vaut mieux rester prêt à adapter sa manière de travailler.
Quel est l’état d’esprit des salariés face à la rentrée de septembre ?
Pour cette rentrée de septembre plutôt particulière, l’état d’esprit des salariés vis-à-vis de leur travail est fortement surveillé. Tandis que certains ont plutôt bien vécu les périodes de confinements et apprécié la pratique du télétravail, d’autres ont été beaucoup plus impactés négativement, notamment par le fait qu’ils se sont retrouvés fortement isolés. Et même si le travail à distance a été apprécié voire adopté par un bon nombre d’employés, le télétravail a tout de même affaiblit l’esprit et la cohésion d’équipe. La motivation des salariés a aussi été grandement affectée. Ces derniers ont beaucoup remis en cause le sens de leur travail. L’épanouissement au travail fait désormais partie des sujets d’actualités tout comme la qualité de vie. Les entreprises peuvent et doivent s’attendre à des taux de turnover plus important qu’habituellement. S’associe à cela les réticences qu’ont les salariés à l’idée de retourner au bureau. Désormais attachés à leur liberté, leur autonomie et leur confort avec le travail à distance, les salariés ne souhaitent pas revenir dans un cadre qui ne correspond plus à leurs préférences. « Ce n’est pas que les gens ne veulent pas revenir au bureau. C’est qu’ils ne veulent pas revenir dans un cadre où ils ont moins de libertés dans leur travail que dans un cadre où ils ont vécu depuis plus de 18 mois. » dixit Benoit Serre, vice-président de l’ANDRH.
Ce qu’il ressort alors de ce constat est qu’il faut revoir la manière de concevoir et d’appréhender le télétravail. Il faut désormais instaurer des règles, des accords ainsi qu’un un cadre spécifique autour de cette pratique. Car si avant les employés faisaient un peu ce qu’ils voulaient en matière de télétravail, il faudra désormais, pour rendre cette pratique pérenne, l’encadrer autour d’autorisations et d’accords.
Mais entre ceux qui ne souhaitent pas entendre parler de télétravail et ceux qui sont devenus de grands adeptes du travail à distance, une question évidente mais pourtant complexe se pose : comment répondre aux besoins de tous ?
Télétravail et crise sanitaire : vers de nouveaux modes de fonctionnements en entreprise ?
Avec le télétravail qui s’est généralisé, certains employés sont devenus nomades, autonomes et souhaitent désormais changer la relation qu’ils ont vis-à-vis du travail. Les confinements successifs que nous avons vécus ont bouleversé la conception du travail qui valait jusqu’à présent. A titre d’exemple, les Open Space, qui avant étaient très tendance, sont désormais beaucoup moins appréciés par les salariés qui ne sont plus que 5% à l’adopter. Pour cause, le bruit alentour qui peut facilement nuire à la concentration ou encore le manque de liberté et la sensation d’être surveillé par ses collègues. Le télétravail répondrait-il donc à un besoin de notre société ? L'entrain qu'ont les salariés pour le travail à distance s'expliquerait en effet par l'évolution de la société d'aujourd'hui. Un gros challenge nait alors autour de la question d’entretenir la motivation et la fidélisation des employés dans un tel contexte.
Un management à revoir avec le télétravail ?
Ce qui rentre en jeu ici est la notion de management. La manière de manager a été grandement bouleversée par l’arrivé du télétravail. Il est alors nécessaire de revoir les formes de management afin d’en trouver de nouvelles qui correspondront mieux à ce que recherchent et demandent dès à présent les employés dans leur travail. Benoit Serre, vice-président de l’ANDRH, le dit et le répète : ce qui est selon lui le plus important à adapter ce n’est pas en priorité l’organe de travail mais c’est surtout le management. Selon lui, les salariés ne devraient pas avoir l’impression d’être managés différemment selon qu’ils travaillent chez eux ou sur site. Il faut donc que les entreprises passent en mode agile et essayent de trouver un équilibre pour faire en sorte que les salariés s’y retrouvent et se sentent libres et autonomes lorsqu’ils sont en entreprise. Une grosse pression née alors chez les managers qui doivent revoir leur manière de fonctionner et mettre au point la meilleure organisation pour les équipes et l’entreprise. C’est de cette manière-là que le télétravail pourra devenir une pratique courante et pérenne.
Le fonctionnement interne des entreprises risque donc de vivre une révolution sans précédent et sera à l’origine de nouvelles manières d’organisation et formes de management.
Le fonctionnement externe des entreprises également perturbé
Mais les bouleversements ne s’arrêtent pas là. Le fonctionnement externe des entreprises est et sera encore affecté par la crise sanitaire du Covid-19. De nombreux chefs d’entreprises s’inquiètent et s’interrogent sur les futures relations d’affaires et sur les nouveaux liens de communication qui vont se développer. S’ils sont tant angoissés c’est parce qu’ils voient de plus en plus les limites d’internet et de tous les outils digitaux qui ont connu un succès considérable avec la crise sanitaire. En effet, même si tous ces outils permettent de garder le lien et d’échanger, ils ne font pas le poids à côté d’une communication traditionnelle où les personnes échangent en physique.
En résumé
Dans ce climat de crise, de nombreuses inconnues résident encore, que ce soit concernant l’évolution du protocole sanitaire que les entreprises devront suivre durant septembre, la pratique du télétravail qui deviendra peut-être indispensable ou alors mise au rabais ou bien encore les nouveaux modes de fonctionnement qui naitront et caractériserons les entreprises dans les prochaines années. Ce qui est sûr et certain, c’est que nous pouvons et nous devons nous attendre à de gros changements. Les entreprises doivent alors se tenir prêtes et informées de manière à être les plus réactives possibles. Mais l’inconnue qui règne autour du variant Delta complique bien la tâche. Et à l’heure actuelle, il est encore trop tôt pour tirer de quelconques conclusions. Est-ce que le protocole sanitaire dans les entreprises sera durcit ? Est-ce que le retour au bureau tant plébiscité par le Gouvernement sera perturbé par de nouvelles mesures de freinage de l’épidémie ? Quelle va être la progression du variant Delta ? De nombreuses questions résident sans réponses et laissent entreprises et partenaires sociaux dans le flou. A voir les décisions qui seront prises par le Gouvernement et le Ministère du Travail tout au long de cette rentrée…
Affaire à suivre !